LECTURE COMPLEMENTAIRE
« J’allai au marché pour acheter une autre esclave. Mais par les dieux ! elles étaient devenues si chères, et l’argent était si rare, que je me disposais à quitter la place avec un vrai désespoir, lorsqu’un marchand m’attira par la robe. « Maîtresse, dit-il, veux-tu acheter une esclave à bon marché ? J’ai une enfant à vendre ; un marché d’or ! Elle est très petite, toute jeune encore, c’est vrai ; mais elle est vive et douce, docile et adroite; elle chante bien et elle est de bonne race, je t’assure.
– De quelle contrée est-elle ? dis-je
– De Thessalie. »
Je savais que les Thessaliennes étaient avisées et gentilles ; je lui demandais à voir la fille. Je la trouvai comme vous la voyez maintenant. Elle avait un air patient et résigné, les mains croisées sur sa poitrine et les yeux baissés. Je m’informai du prix. Il était raisonnable, et je l’achetai sur-le-champ. Le marchand l’amena à la maison et disparut aussitôt. Songez, mes amis, à mon étonnement lorsque je m’aperçus qu’elle était aveugle. Ah! ah ! un rusé coquin que ce marchand !
Edward Bulwer Lytton, Les Derniers Jours de Pompéi (extraits)